Interwiew du Professeur Michel HANUS


A.F.C.H. 7O % des décès surviennent à l'hôpital et 32 % des personnes interrogées estiment ne pas avoir été suffisamment accompagnées (dans la Revue du Praticien - Médecine Générale / Tome 12, n° 434 du 19.10.1998). Qu'en pensez - vous ? Que pourrions-nous proposer dans nos hôpitaux ?

Pr. Michel HANUS : Proposer à tout le personnel hospitalier qu'il soit médical, paramédical, administratif, ouvrier, une formation déjà pendant la période de leurs études, et ensuite à l'occasion de la formation continue, sur le "mourir ".


A.F.C.H
: La mort encephalique:Comment líannoncer a une famille? Comment et quand aborder avec cette famille la recherche de la volonte du defunt concernant les prelevements d'organes et de tissus.

Pr. Michel HANUS : Tout d'abord s'adapter en fonction de notre ressenti avec cette famille. L'annonce de la mort doit se faire avec la famille au chevet du patient. L'entretien commence par la question suivante : Comment le trouvez -vous ? Puis il faut insister sur le fait qu'il ne vit que grâce aux machines, le cerveau est très endommagé. Ne pas hésiter à le répéter plusieurs fois avant d'annoncer la mort encéphalique.
Respecter le silence, la manifestation des émotions, et/ou répondre aux questions posées. Ensuite l'entretien se poursuit par la recherche de ou des volontés du défunt par les questions suivantes : est-ce qu'il avait prévu sa mort ? Est-ce qu'il en parlait ? Avait-il une idée, une position sur les prélèvements d'organes et de tissus ?


A.F.C.H
. : Très souvent les familles nous demandent des conseils : Quand dois-je annoncer la mort de mon mari, (mon épouse), à mon enfant. Peut-il venir le (la) voir ? Dois-je ramener le corps chez moi ? Où l'inhumer ? Il (elle) souhaitait une crémation, ses parents s'y opposent, que me conseillez-vous ?

Pr. Michel HANUS : Ne pas cacher la vérité aux enfants. Dès le retour du parent à son domicile, lui dire que son père ou sa mère est hospitalisé dans un état grave avant de lui annoncer le décès par mort encéphalique. Ceci peut-être incompréhensible pour lui. Il faudra alors lui expliquer. Ne pas empêcher l'enfant de le voir, mais ne pas le forcer non plus. Rendre le corps présentable en cachant le plus possible toutes les parties du corps pouvant être abîmées. La coordinatrice hospitalière peut accompagner le parent et son enfant et participer aux explications se révélant nécessaires. Le parent peut s'y refuser. Il faut alors l'encourager dans cette démarche pour que l'enfant ait le libre choix.

Pour ce qui concerne l'inhumation, ceci reste un problème familial et surtout du choix de la personne défunte.


A.F.C.H
. : Après plusieurs heures parfois passées avec cette famille, la coordinatrice hospitalière se sépare de cette famille, que peut elle lui proposer ?

Pr. Michel HANUS : La démarche faite par la coordination hospitalière de ne plus prendre contact avec eux, mais de rester à leur disposition, est bonne. Mais il faut leur en laisser les moyens par le biais d'une carte indiquant le ou les numéros de téléphone utiles et bien leur préciser qu'ils peuvent appeler aussi bien pour des problèmes administratifs que personnels.


A.F.C.H
. : Compte tenu du lien souvent qui s'installe lors de ce recueil de témoignage, doit-elle les assister (accompagner) ensuite ? Si oui par quel moyen et dans quelles limites ?

Pr. Michel HANUS : Ne pas laisser s'installer une relation suivie avec la coordinatrice, aussi bien pour le confort moral que celui de la famille. Au bout d'environ deux appels, il faut les orienter vers des associations d'accompagnement au deuil afin qu'il puisse rompre tout en leur expliquant qu'on comprend que c'est difficile. Ces associations peuvent en faire le suivi et leur proposer des professionnels locaux (par ex : un psychologue ou autres) en fonction de leurs besoins. Il existe un répertoire d'association (qui sera distribué lors des journées de l'AFCH), mais il faut prendre contact avec eux auparavant afin de se rendre compte s'ils peuvent prendre en charge cette famille.


A.F.C.H
. : Certaines familles après avoir témoigné favorablement se sentent un peu abandonnées ou semblent revendiquer une reconnaissance, de remerciements, d'hommage, de cérémonies, de journée souvenir pour ces centaines de familles ? (environ 900 par an).

Pr. Michel HANUS : Cette question à déjà été abordée avec l'Etablissement Français des Greffes. La proposition faite à ce sujet serait d'apposer une plaque commémorative dans les mairies et pour les personnes ne voulant pas inscrire le nom, le prénom et l'âge, mais ceci reste très général. Un petit mot de remerciement à la famille par la coordination hospitalière serait une forme d'hommage. 

Pr. Michel HANUS
Président de l'association " vivre son deuil "