La greffe d'organe n'est pas une sanction
à la réalisation d'un projet !


 

Après avoir rassemblé les réserves d'alimentation et d'eau, le matériel de bivouac, les pièces détachées nécessaires, la boussole, le lot d'outillage et de sécurité indispensable dans le désert, nous voilà en Afrique sur le sol Tunisien entouré d'une horde d'individus passionnés et impatient d'en découdre. L'aventure pour André, a commencé quelques mois auparavant lorsque l'association Deuche Evasion, organisatrice du raid 2cv Tunisie 98, recherchait des transplantés pour les inviter à se joindre à l'expédition. L'objectif de cette initiative, lié à l'activité professionnelle du Président de cette association ; animateur de réseau à l'Etablissement Français des Greffes ; était de faire passer le message suivant : " La greffe n'est pas un obstacle à tout projet ", même s'il paraît parfois insensé aux yeux de certains. Seul André transplanté hépatique il y a 6 ans a répondu à cet appel.Le voici donc en ce début d'année 1998 à la recherche d'une deux chevaux et d'un coéquipier.le véhicule si convoité lui sera prêté par un "deuchiste " au grand cœur et son coéquipier sera finalement une coéquipière, infirmière coordinatrice de son centre de greffe, l'hôpital Beaujon de Clichy.

Ils mettent tout en ouvre avec l'aide de l'association des transplantés hépatiques de Beaujon pour réunir des aides matérielles et financières afin d'aboutir à ce projet. Pour André, inoubliables souvenirs de cette expédition, qui à chaque instant révélait de merveilleux paysages désertiques parfois tourmentés ou adoucis par des dunes que sa deux CV franchissait, aidées souvent par la seule énergie que représentait ses muscles. Aucun effort ne fut épargné, maniant pelle et plaques de désensablement sous un soleil impitoyable. Tous étaient récompensés le soir, lors des bivouacs, certains à proximité des sources d'eaux chaudes que l'on rencontre dans cette région du sud tunisien. Les 1200 Km de pistes effectuées pendant ces 10 jours, avec ses pièges, ses pannes, et ses crevaisons n'ont pas eu raison d'André et de sa coéquipière, même dans les moments les plus difficiles et imprévisibles. Bien sur, ils se sont perdus et parfois la nuit était déjà tombée lorsque les organisateurs les ramenaient à bon port. Des galères, il y en eu, telle cette nuit dans le grand sud ou, sous un violent orage, les deux CV roulaient comme elles pouvaient sur des pistes en grande parties détruites, dans un désert devenu subitement hostile. Le convoi fut irrémédiablement stoppé au bord d'un oued devenu infranchissable.

Ce raid fût sûrement une sorte de challenge pour André…Il l'a remporté !

  

Eric Auger