TECHNIQUES ET STRATEGIES DE PRISE EN CHARGE DE LA DOULEUR POSTOPERATOIRE

 

 Arnaud DELEUZE*, Marc GENTILI**, Dominique FLETCHER ***

*Hôpital Tenon, Paris - **CMC Saint –Vincent, Rennes -  ***Hôpital Poincaré, Garches

 

            La lutte contre la douleur postopératoire est l’une des priorités dans la prise en charge du malade par le médecin anesthésiste-réanimateur. Cette préoccupation n’est pas récente ; en effet, plusieurs auteurs ont montré depuis longtemps la sévérité et l’incidence des phénomènes douloureux postopératoires.

Plus récemment, les nombreuses répercussions physiopathologiques des phénomènes douloureux ont été mises en évidence.  Le stress postopératoire induit par l’agression chirurgicale est directement responsable d’un état d’hypercatabolisme et d’une diminution de l’anabolisme, dus à une activation des hormones hypophysaires et cortico-surrénaliennes.  L’hyperactivité du système nerveux orthosympathique liée à la douleur augmente la demande en oxygène et de ce fait pourrait être responsable d’épisodes d’ischémie myocardique. Le stress postopératoire paraît également responsable d’un état d’hypercoagulabilité en rapport avec une augmentation des facteurs de la coagulation, une diminution des inhibiteurs, une augmentation de l’activité plaquettaire et une diminution de la fibrinolyse.

L’ensemble de ces critères impliquerait que l’instauration d’une thérapeutique analgésique efficace entraînerait une réduction de la morbidité et de la mortalité postopératoire chez les patients à haut risque.

La chirurgie, qu’elle soit abdominale haute ou thoracique provoque une dysfonction diaphragmatique ainsi qu’une réduction des volumes pulmonaires de 30 à 40 %. L’altération des performances ventilatoires connue depuis longtemps ainsi que la possibilité de développer un syndrome douloureux aigu et chronique directement lié à la technique chirurgicale et analgésique représentent autant de complications auxquelles il paraît nécessaire de pallier.

La durée d’hospitalisation, marqueur plus globale et conséquence directe de la morbidité postopératoire, , d’après une revue récente de la littérature ne semble pas influencé par le type d’analgésie. Malgré cela, il semble logique de penser qu’une kinésithérapie active associée à une déambulation précoce entraînent une réduction de la durée d’hospitalisation.

De nombreuses études ont montré que la prise en charge de la douleur postopératoire (DPO) était insuffisante ce qui conduisait à des souffrances inutiles, à une angoisse pour l'opéré ,et dans certains cas à des complications et à une prolongation des durées de séjour des malades à l'hôpital .

Information du malade et organisation du travail dans l'hôpital et dans les services.

 

 

Les règles générales de prescription des antalgiques sont définies dans le cadre de protocoles standardisés de traitement et de surveillance de la douleur postopératoire (DPO) comme ceci s'est réalisé dans quelques pays tel que les Etats Unis , le Canada , le Royaume Uni , la Suède ou la Norvège .Ceux-ci doivent être rédigés et réactualisés régulièrement par 'ensemble des acteurs impliqués dans la mise en œuvre des soins à la charge de l'élaboration de ces protocoles, afin d'assurer la continuité de la gestion de la douleur de la consultation d'anesthésie à l'unité d'hospitalisation. Il est souhaitable que la rédaction de ces protocoles soit intégrée dans une méthodologie d'amélioration continue de la qualité. Ces documents doivent être d'utilisation simple et disponibles en permanence sur l'ensemble des sites de soins. Les protocoles doivent porter sur le mode d'administration des antalgiques et sur la gestion des effets adverses.

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            Il s'agit d'informer le patients  et d'élaborer une stratégie en plusieurs étapes afin de développer la "transversabilité douleur" au sein de l'hôpital parmi les médecins anesthésistes réanimateurs, les chirurgiens et les infirmières. Cette démarche organisationnelle sera au mieux réalisée par une "équipe douleur aigue" constituée d'un médecin anesthésiste réanimateur, d'une infirmière référente douleur, d'un pharmacien .A cette équipe peuvent s'associer des kinésithérapeutes et des psychologues. L'objectif n'est pas de substituer cette équipe aux différents praticiens et aux infirmières des services de chirurgie pour traiter la douleur mais plutôt de jouer le rôle de "chef d'orchestre de la douleur" afin que cet ensemble fonctionne correctement.

 

 

            1-1. Information

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Dès la consultation d'anesthésie le malade est informé de la douleur postopératoire les avantages, inconvénients, effets indésirables et modalités de surveillance des techniques analgésiques proposées ,sont abordés avec celui-ci ou son entourage pour les mineurs . Le résultat de cette consultation  ainsi que  la technique prévue sont consignés dans le dossier du malade.. Il lui est demandé de signaler à l'infirmière s'il ressent une douleur pour laquelle il souhaite un calmant. Par ailleurs, le médecin anesthésiste lui précise qu'une infirmière vérifiera régulièrement son niveau de douleur et adaptera le traitement antalgique pour le calmer .Une information précise est également fournie au patient sur les méthodes d'évaluation : explication détaillée du maniement de l'échelle visuelle analogique (EVA) ou à défaut de l'échelle numérique (EN). Cela facilite la coopération du patient dans la période postopératoire. Au terme de la consultation d'anesthésie, l'anesthésiste doit pouvoir préciser le type d'auto-évaluation possible pour le patient : EVA ou ENS et échelle verbale simple (EVS).

Une estimation du niveau douloureux prévisible de l'acte chirurgical doit être notée dans le dossier d'anesthésie et une proposition de protocole d'analgésie postopératoire faite : administration discontinue d'antalgique, PCA ou analgésie rachidienne. Une explication de l'utilisation de la PCA doit être donnée durant la consultation d'anesthésie .La mise en place de cette organisation est un prérequis indispensable avant le développement des techniques d'analgésie dans les services de chirurgie.

 

 

 

            1-2 Organisation du travail dans une structure hospitalière  et dans les services.

                        1-2.1 Première étape : noter le niveau de douleur du malade toutes les huit heures pour tous les patients opérés durant les cinq premiers jours postopératoires.

Les méthodes d'évaluation de la douleur postopératoire reposent sur une auto-évaluation dans la plupart des cas. Deux échelles peuvent être utilisées conjointement : EVA et EVS.

L'échelle visuelle analogique en raison de sa simplicité technique, de sa reproductibilité et de son caractère validé, reste actuellement "l'étalon" de l'évaluation de la DPO. Il s'agit d'une échelle unidimensionnelle continue graduée de 0 à 100 mm. La présentation doit être horizontale sous forme d'une ligne continue non graduée du côté présenté au patient et graduée du côté du clinicien.

A l'aide d'un curseur situé sur la réglette, le patient indique l'intensité de la douleur ressentie. Cette échelle a néanmoins ses limites : elle est incompréhensible pour 10% des patients et est  souvent de maniement difficile en postopératoire immédiat.

L'échelle verbale simple est une échelle catégorielle à 4 niveaux attribuant un qualificatif à l'intensité douloureuse : douleur absente (0), faible et nécessitant pas d'analgésique (1), modérée (2) ou intense (3).

Ainsi une intervention thérapeutique ne se justifie que lorsque le patient a un niveau de douleur à l'EVA supérieure à 30 mm et une EVS à 2 ou 3. En effet certains patients peuvent afficher un niveau d'EVA à 40 ou 50 mm avec un niveau d'EVS à 1, dans ce cas une intervention thérapeutique ne se justifie pas. Ainsi, à la prise de la température, de la fréquence cardiaque et de la  pression artérielle toutes les 8 heures, doivent être notés sur une feuille de surveillance les chiffres d'EVA et d'EVS.

L'hétéroévaluation de la DPO n'est utile chez l'adulte qu'en cas de problèmes de communication (sujets âgés, patients insuffisamment réveillés), cette échelle comporte 3 niveaux :

- niveau 1 : patient calme sans expression verbale ou comportementale de douleur

- niveau 2 : le patient exprime sa douleur verbalement ou par son comportement

- niveau 3 : manifestations extrêmes de douleur (agitation majeure non contrôlée, cris, pleurs ou prostration, immobilité, repli du patient sur lui-même).

Après cette phase initiale instaurant une surveillance de la douleur, un audit  doit être réalisé dans les services de chirurgie pour évaluer la fréquence des douleurs fortes ou très fortes .Après cet audit initial, une stratégie d'organisation de la prise en charge de la DPO est développée : enseignement des médecins et des infirmières, établissement de protocoles thérapeutiques et de surveillance.

 

                        1-2.2 Deuxième étape :  Définir le rôle de chacun des acteurs concernés et mettre en place les techniques d'analgésie.

                                    1-2.2.1 Rôle du médecin anesthésiste réanimateur

            Le service d'anesthésie réanimation assure l'organisation et la responsabilité de la prise en charge de la DPO en formant le personnel médical et non médical, en élaborant les protocoles d'analgésie, en instituant les protocoles de surveillance, en présentant les projets de prise en charge de la DPO au niveau de la CME de l'institution  et en exposant les demandes de moyen. Ce travail est dévolu au médecin anesthésiste référent, collaborant avec une ou des infirmières spécifiquement formées.

Dans la pratique quotidienne les médecins anesthésistes réanimateurs informent les malades de la prise en charge de la DPO en consultation d'anesthésie et la veille au soir et effectuent la prescription des analgésiques postopératoires.

 

                                    1-2.2.2. Rôle du personnel infirmier

            Le personnel infirmier  des services d'anesthésie et de chirurgie(incluant les salles post-interventionnelles  et les services de soin intensif ) est formé à la prise en charge  de la DPO et dans cette mission :

 Ils utilisent les échelles d'évaluation

- notent et affichent les scores de douleur et l'effet antalgique obtenu

- réalisent les prescriptions selon les arbres de décision

- définissent la nature et l'évolution de la douleur ainsi que le niveau de soulagement

- surveillent le confort du patient et l'assurent d'une surveillance attentive de son traitement antalgique

- transmettent les données au médecin.

Par ailleurs, les infirmier(e)s répètent durant la période postopératoire les informations déjà données en consultation d'anesthésie, notamment en cas d'utilisation d'une technique PCA.

Elles mettent en œuvre un soutien psychologique et une relation d'aide et d'écoute thérapeutique en collaboration avec le patient et sa famille.

 

                                    1-2.2.3 Rôle des infirmiers référents  douleur.

            L'infirmièr(e) référent(e) douleur intervient en qualité d'experte. Ses actions se résument autour de 5 axes :

- former l'ensemble des infirmier(es) de chirurgie et les inciter à participer aux sessions de formations continue.

- intervenir dans l'élaboration des procédures spécifiques au traitement de la douleur post-opératoire, en collaborant avec les médecins et les infirmier(es) des services concernés.

- préparer et programmer les pompes PCA à partir des prescriptions actualisées, anticiper et organiser l'administration du traitement en particulier la nuit.

- mettre en place des audits réguliers de la pratique infirmière.

- aider la mise en place de ce programme dans le cadre d'un projet d'établissement ou d'un projet de service.

 

            2- Troisième étape : Développer les techniques d'analgésie

            Le choix de la technique d'analgésie postopératoire dépend de l'intensité douloureuse de la chirurgie, des objectifs souhaités, du rapport bénéfice/risque, mais aussi du terrain et des conditions d'organisation de la prise en charge de la DPO. En dehors des contre-indications d'utilisation, les antalgiques non morphiniques sont recommandés seuls, après chirurgie ambulatoire, après chirurgie peu douloureuse, ou pour les patients ne pouvant bénéficier d'un autre mode  d'analgésie : morphiniques ou blocs  locorégionaux ). Administrés avant la fin de l'acte chirurgical, les antalgiques non morphiniques ont une efficacité documentée pour les interventions peu ou moyennement douloureuses. Ils peuvent être également associés d'emblée, ou lorsque la douleur persiste ou augmente, à d'autres techniques analgésiques (analgésie multimodale), afin d'optimiser l'analgésie en particulier après les chirurgies les plus douloureuses. La voie orale doit être privilégiée chaque fois que cela est possible .La morphine est le produit de référence pour l'analgésie postopératoire. Elle est principalement efficace sur les douleurs par excès de nociception, qui sont les plus fréquentes en période postopératoire et son effet est dose-dépendant.

L'analgésie  par voie médullaire (essentiellement péridurale) est particulièrement réservée aux patients pouvant présenter un handicap respiratoire ou cardiovasculaire et/ou opérés d'une chirurgie douloureuse ou prévue comme telle. Les blocs nerveux périphériques sont indiqués après chirurgie orthopédique des membres. L'utilisation d'un cathéter, permettant l'administration continue ou discontinue d'antalgiques prolonge l'analgésie et facilite la rééducation postopératoire des patients. Ces blocs périphériques analgésiques sont souvent associés à des antalgiques par voie générale anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et/ou paracétamol (analgésie multimodale). L'analgésie locorégionale est supérieure à celle obtenue avec des morphiniques par voie générale ou par PCA lors des douleurs dynamiques liées à la mobilisation active ou passive.

 

Le choix de la technique d'analgésie postopératoire dépend de son efficacité à contrôler la DPO et des possibilités de surveillance et de traitement pour assurer la sécurité du patient.. La surveillance reste  essentiellement clinique. Une surveillance des effets secondaires, adaptée aux thérapeutiques antalgiques, sera réalisée à intervalles réguliers et consignée sur un document. Ce document doit être discuté et adapté à chaque service (en particulier le degré de vigilance des patients bénéficiant d'un traitement morphinique). Les conditions nécessaires à l'utilisation de la PCA en secteur d'hospitalisation sont l'organisation de la surveillance postopératoire, la formation du personnel infirmier et la possibilité de joindre un médecin anesthésiste en permanence.

 

.2-1. Le paracétamol et les anti-inflammatoires non stéroïdiens

                       

            Le paracétamol et les AINS ont un mécanisme d'action très différent de celui des morphiniques. Ils ont comme mécanisme principal  une inhibition de la synthèse de prostaglandines (PG) par blocage de la cyclo-oxygénase et leur action antinociceptive est un blocage partiel de la composante hyperalgésique. L'action de nombreux AINS n'est pas seulement périphérique, elle est aussi centrale et le paracétamol n'a qu'une action centrale.

 

                        2-1.1 Choix et mode d'administration des AINS

            Le paracétamol a l'intérêt majeur de ne pas posséder les effets indésirables des substances qui inhibent les cyclo-oxygénases dans les tissus périphériques. Il n'a donc pas les contre-indications des AINS mais a aussi une activité analgésique plus faible que la plupart d'entre eux. Sa posologie en  postopératoire est de 1 g toutes les 6 heures par voie orale. Pour le propacétamol (forme injectable du paracétamol), la posologie est de 2 g toutes les 6 heures en perfusion de courte durée de 10 min. L'association d'un morphinomimétique faible du type codéine (30 à 60 mg toutes les quatre à huit heures) ou dextropropoxyphène ( 60 à 120 mg toutes les quatre à huit heures) au paracétamol améliore la qualité analgésique par une action additive. Les associations thérapeutiques disponibles sont les suivantes : paracétamol codéine (Dafalgan   codéine, Efferalgan codéine, Oralgan codéine, Panadol codéine), paracétamol-dextropropoxyphène (Di-antalvic ). L'inconvénient de l'utilisation de la codéine en ambulatoire est l'incidence des nausées et des vomissements .Par contre dans la  même étude. l'utilisation exclusive d'un AINS en postopératoire de chirurgie ambulatoire était associée à moins de nausées (8%) et de vomissement (6%) et à un retour plus précoce du transit intestinal pour une qualité d'analgésie identique.

Durant la période postopératoire des chirurgies maxillo-faciales, orales ,ostéo-articulaires et gynécologiques, les AINS sont plus efficaces que le paracétamol ou à l'association paracétamol-codéine ou dextropropoxyphène.

Bien que n'existe pas d'analgésie préventive, il est intéressant d'administrer l'AINS dès le peropératoire en cas de chirurgie ambulatoire sans risque hémorragique et en l'absence des autres contre-indications afin d'anticiper son action et d'éviter le recours à un morphinique quelquefois mal toléré en chirurgie ambulatoire. Ceci a été démontré pour la chirurgie arthroscopique et pour la chirurgie gynécologique sous laparoscopie. Pour certaines intervention de chirurgie ambulatoire potentiellement très douloureuses, l'AINS comme seule composante analgésique per opératoire est insuffisant et la combinaison d'autres moyens thérapeutiques est nécessaire (infiltration d'anesthésique local, utilisation d'une faible dose de morphinique).Cette analgésie balancée durant la période peropératoire  permet la sortie plus précoce du malade de l'institution  et une récupération plus rapide durant les jours suivants à domicile.

Quel que soit l'AINS, les effets cliniques ont identiques. En France les AINS les plus fréquemment prescrits en postopératoire chez l'adulte sont le kétoprofène (Profénid ) et le naproxène (Apranax ). Non seulement les contre-indications mais aussi les posologies (pour le kétoprofène 200 mg/j et l'apranax 1g/j) et la durée du traitement (2 à 5 jours) doivent être impérativement respectées. En postopératoire de chirurgie ambulatoire, l'AINS peut être proposé comme traitement de fond et l'association paracétamol-codéine ou dextropropoxyphène comme traitement à la demande.

 

                                    2-.1.2 Effets indésirables et contre-indications

            Le paracétamol a très peu d'effets indésirables. La seule complication est la cytolyse hépatique en cas de surdosage mais l'index thérapeutique est très élevé puisque la dose toxique de paracétamol apparaît à partir d'une ingestion massive et unique de 10g chez l'adulte et de 100 à 150 mg/kg chez l'enfant.

Par contre, tous les AINS ont les mêmes effets indésirables à doses équivalentes, quelquefois graves, bien connus dans la pratique de médecine générale. La situation est très différente pour une période de  prescription de moins de 7 jours, ce qui est le cas du postopératoire et quand sont respectées les contre-indications et la posologie à ne pas dépasser. En effet, les risques d'effets indésirables deviennent extrêmement rares.

Le mécanisme principal est l' inhibition de la synthèse des PG tissulaires par action sur la cyclooxygénase constitutive (COX-1) .L'inhibition de la cyclo-oxygénase par les AINS est non spécifique. Or la COX-1 est une enzyme ubiquitaire, présente dans de nombreux tissus (estomac, plaquettes, reins, utérus, foetus ...) et au niveau de ces organes les prostaglandines ont généralement un rôle protecteur en cas d'agression. Cette  inhibition est réversible pour tous les AINS à l'exception de l'aspirine.

Les effets indésirables des AINS sont à l'origine de leurs contre-indications : antécédents de pathologie gastro-intestinale, troubles de l'hémostase, allergie connue aux AINS, asthme, polypes nasaux, grossesse, insuffisance rénale, déshydratation, hypovolémie, hémorragie, insuffisance hépatique sévère, traitement par inhibiteurs d'enzyme de conversion, traitement par le lithium (les AINS peuvent augmenter la lithémie par augmentation de l'absorption tubulaire de lithium).

 

                        2.2 Le tramadol

            Molécule synthétique, le mode d’action analgésique du tramadol passe principalement par un mécanisme inhibiteur des voies sérotononergiques et noradrénergiques déscendantes, le mécanisme opioïde ayant quant à lui une part relativement faible. La dose unitaire standard orale ou IV est de 100 mg. Le rythme d’administration est d’une dose toutes les 6 heures. Le délai d’action est globalement de 1 heure, d’où l’intérêt de l’administrer de manière précoce en fin d’intervention. Les effets indésirables de ce produit se porte essentiellement sur la sphère digestive à type de nausées, de vomissement et de constipation. Les effets indésirables respiratoires sont quant à eux quasiment inexistant aux doses thérapeutiques de part le faible mécanisme opioïde. La cible de cette molécule sont les douleurs d’intensité faible à moyenne en monothérapie ou en association. Les modalités d’utilisation sont simples et le relais avec des molécules plus puissantes est possible sans problème d’antagonisme.

                       

                        2-3 Le néfopam

            Le chlorhydrate de néfopam agit en inhibant la recapture des monoamines au niveau centrale spinale et supraspinale aboutissant à une augmentation du tonus inhibiteur des voies descendantes sérotoninergiques et dopaminergique. Il n’a aucune action sur les récepteurs morphiniques. La dose unitaire standard est de 20 mg que ce soit par voie IV ou IM. Le délais d’action par voie IV est de 15 à 30 min d’où l’intérêt de commencer l’administration sous anesthésie générale et son rythme d’administration est d’une injection toutes les 4 à 6 heures. Les effets indésirables du produit sont surtout de type neurovégétatif à type de sueur, de somnolence, de nausées et de vomissement, de vertige. Quelques manifestations atropiniques à type d’hyposialie et de tachycardie sont également à noter ainsi qu’une douleur au niveau du trajet veineux. A noter que ces effets indésirables sont de durée brève et diminuent en fréquence ainsi qu’en intensité par une perfusion continue, le laboratoire recommande d’ailleurs une administration sur 1 heure ou continue sur 24 heures. La cible de cet analgésique sont les douleurs d’intensité faible et moyenne en association mais certainement pas en monothérapie de part l’existence de ces effets secondaires bénins mais gênant dans le contexte postopératoire. Cet antalgique d’action centrale s’intègre donc dans le cadre d’une analgésie multimodale et permet une épargne en produit morphinique.

 

2-4 La kétamine

La kétamine  utilisée autrefois comme agent hypnotique et possède une action analgésique principalement en  bloquant  les  récepteurs N-méthyl-D-aspartate (NMDA). La forme galénique actuellement commercialisée est un mélange de deux isomères lévogyre et dextrogyre : la forme  lévogyre  possède un effet analgésique 3 à 4 fois supérieur à l'isomère dextrogyre , ainsi que des effets psychodyleptiques moindres. Aux doses anesthésiques (2-5 mg.kg-1), la kétamine a un effet analgésique intense et provoque des hallucinations et une agitation au réveil. Des doses faibles (0,5 mg.kg-1 en bolus intraveineux avec une perfusion continue de 1 mg.kg-1.j-1) diminuent significativement la consommation d'opiacés en postopératoire : les effets indésirables  restent très rares à ces doses. L’ administration péridurale et intrathécale  est strictement contre-indiquée à ce jour du fait du potentiel neurotoxique de la solution lié probablement  à l’agent conservateur  conservateur , le chlorobutanol.

2-5 La clonidine

La clonidine est un agoniste alpha 2 adrénergique qui stimule les effets de la noradrénaline endogène en tant que neuromédiateur. Son effet analgésique est avant tout la résultante d'une action sur les récepteurs de la corne postérieure, bien que des effets périphériques aient été décrits. Elle potientialise également l'action analgésique des opiacés et possède des effets collatéraux comme la sédation, l'inhibition de la thermorégulation qui permet le contrôle du frisson. Elle provoque une sympatholyse qui a pour conséquence une hypotension et une bradycardie. La clonidine déprime faiblement la ventilation et ne provoque pas de rétention d'urines, elle ralentit cependant  le transit digestif. Elle n'est pas neurotoxiqueSon administration péridurale diminue la douleur postopératoire. La dose efficace est de l'ordre de 0,5 à 1 µg.kg-1.h-1. À cette dose, les effets secondaires sont significatifs (hypotension, bradycardie, sédation). De ce fait, il n'est pas recommandé de l'utiliser comme seul agent analgésique postopératoire par voie péridurale. Elle a également une action analgésique quand elle est administrée par voie intraveineuse. L'association aux opiacés permet de réduire la posologie administrée à 0,15-0,2 µg.kg-1.h-1. À cette dose, il persiste un effet d'épargne des opiacés. Combinée aux anesthésiques locaux, elle permet pour des faibles posologies (0,5-1 µg.kg-1 dans la solution anesthésique) de prolonger l'analgésie induite par les blocs sur plusieurs heures (> 12 h).

 

                        2-6 Les morphiniques

            Les morphiniques constituent le traitement de base de la douleur postopératoire sévère. Leur prescription est justifiée chaque fois que la douleur est intense et insuffisamment calmée par les analgésiques non morphiniques. Nous allons essayer de dégager les indications respectives de l'administration de la morphine par voie sous-cutanée, de l'analgésie contrôlée par le patient par voie intraveineuse (PCA IV) et des morphiniques par voie péridurale ou intrathécale.

 

                                    2-6.1 Titration de la morphine par voie IV en salle de réveil.

            La titration consiste à administrer par voie IV une quantité fractionnée de morphine (2 à 3 mg chez l'adulte, 50 µg.kg-1 chez l'enfant toutes les 5 à 10 min), jusqu'à obtenir un soulagement jugé satisfaisant par le patient. Les protocoles prennent en compte le niveau de vigilance et l'intensité des douleurs .La dose de titration dépend de différents facteurs : la sensibilité individuelle à l'action des morphiniques, le niveau de douleur perçue, le type de chirurgie, le type d'anesthésie et la dose totale de morphinique utilisée en peropératoire et le moment de la titration.Pour les chirurgies douloureuses, aucune relation n'est apparue entre la dose initiale de titration et la consommation ultérieure de morphiniques. Après ce soulagement initial, le relais est ensuite réalisé par voie sous-cutanée (SC) ou PCA IV.

 

                                    2-6.2 Morphine par voie sous cutanée

            La voie intramusculaire est contre-indiquée. Seule la voie sous-cutanée doit être utilisée. Les limites pour la prescription durant les 2 premiers jours d'une chirurgie douloureuse sont le délai d'action (1h pour l'effet maximal) et la variabilité inter-individuelle et intra-individuelle de la dose efficace nécessitant des ajustements fréquents de la dose de morphine. Néanmoins, en cas de douleurs très sévères peu fréquentes, la voie sous-cutanée est très utile.

 Le schéma proposé est le suivant : administration sous-cutanée de morphine toutes les 4 à 6 heures de la dose unitaire suivante : 7,5 mg pour un patient de 40 à 65 kg et de 10 mg pour une patient de 66 à 100 kg et évaluation toutes les 4 à 6 heures et toutes les heures après chaque dose, les scores de douleur, la sédation et la respiration.

 

                                    2-6.3 Analgésie auto-contrôlée par voie IV

                                                2-.6.3.1 Intérêts et limites

            La PCA IV s'est imposée comme un concept thérapeutique efficace pour résoudre les nombreux écueils de la prescription conventionnelle de morphine par voie sous-cutanée. Elle permet une titration continue de la dose nécessaire, par le malade lui-même, afin que la demande en analgésique puisse être satisfaite, tout au long du nycthémère et malgré sa variabilité d'un moment à l'autre, durant la période postopératoire . Cette optimisation de l'administration de morphine diminue le risque de dépression respiratoire, la concentration plasmatique se maintenant dans la zone thérapeutique, juste au-dessus de la concentration minimale analgésique et très au dessous des concentrations susceptibles d'induire somnolence excessive et apnée . Ceci s'observe d'autant mieux que généralement le malade tolère avec le système PCA IV, un niveau élevé de douleur aux alentours de 30 à 40/100 ,garant réel de l'absence de dépression respiratoire. Ainsi, la PCA doit être considérée comme une technique assurant un soulagement partiel plutôt qu'un contrôle complet de la douleur. D'ailleurs les niveaux de douleur sont comparables à ceux de la prescription conventionnelle de morphine par voie sous-cutanée et néanmoins, la PCA IV permet un meilleur confort du malade, car le taux de satisfaction est très élevé dans les plupart des cas. Certains attribuent ce taux de satisfaction élevé à la surveillance fréquente du malade, toutes les 4 heures, qui se sent ainsi très étroitement encadré .  Par contre, le mode PCA IV est inefficace pour calmer la douleur provoquée, comme celle qui survient par exemple à la toux après  une chirurgie digestive ou thoracique ou à la mobilisation après une chirurgie du genou avec libération d'appareil extenseur. Cette  limitation est parfaitement compréhensible puisque le malade détermine la dose de morphine en fonction de la douleur spontanée et non de la douleur provoquée. Aussi l'une des contre-indications du mode PCA IV est l'analgésie demandée dans un but thérapeutique pour permettre une kinésithérapie, comme dans le cas de la kinésithérapie respiratoire chez un patient à risque cardiorespiratoire après une chirurgie majeure abdominale ou thoracique, ou dans celui d'une kinésithérapie fonctionnelle pour la rééducation après une chirurgie du genou. Dans ces situations où l'utilisation de la PCA n'est pas souhaitable, l'analgésie loco-régionale associant morphiniques et anesthésiques locaux peut trouver de bonnes indications.Les autres contre-indications sont : l'incompréhension ou le refus du système PCA par le malade, les sujets très âgés, le patient hypovolémique.

Néanmoins de nombreux malades peuvent bénéficier de la PCA pour le contrôle de la douleur postopératoire en particulier ceux qui ont subi une intervention sur le petit bassin (cystectomie, hystérectomie, amputation abdomino-périnéale), une césarienne, une intervention abdominale (colique, gastrique, anti-reflux, vésiculaire ...), une lombotomie, une intervention orthopédique (rachis, hanche, genou en l'absence de rééducation ...).

2-6.3.2 Réglage des paramètres

 bolus de 1 mg (15 à 20 µg.kg-1 chez l'enfant) dans un mL de solution (H20 ou sérum physiologique  ;

période réfractaire de  4 à 7 min ;

pas de perfusion continue (sauf patient sous morphine au long cours en préopératoire) ;

dose maximale horaire facultative.

Il ne faut pas utiliser d’autres agents sédatifs ou opiacés en association avec la PCA IV , en dehors d’une prise  au long cours antérieure  à l’intervention .

 

                                                2-.6.3.3 Surveillance

            Six paramètres doivent figurer sur la feuille de surveillance au lit d'un malade ayant une PCA IV : la douleur (EVA, EVS), la somnolence, (S0 :éveillé, S1 : somnolent par intermittence, facilement éveillable, S2 : somnolent la plupart du temps, éveillable par stimulation verbale, S3 : somnolent la plupart du temps, éveillable par stimulation tactile), la respiration (RO : régulière, sans problème et fréquence respiratoire FR > 10/min, R1 ronflement et FR > 10, R2 irrégulière, obstruction, tirage ou FR < 10, R3 pauses, apnée), la satisfaction, les doses consommées, - le rapport nombre de bolus demandés/nombre de bolus délivrés .Les infirmières sont formées à réagir en fonction de l'arbre de décision de la figure 3. La surveillance est réalisée toutes les 4 heures si ASA I ou II, toutes les 15 min dans l'heure suivant chaque changement de prescription et toutes les heures si ASA III ou IV. Dans ce dernier cas et particulièrement si préexiste une obésité importante avec apnée du sommeil ou un insuffisance respiratoire chronique, la surveillance est effectuée en salle de surveillance post-interventionnelle ou réanimation chirurgicale avec oxymétrie de pouls.

 

                                                2.6.3.4 Gestion des  effets indésirables

Apnée

Les apnées sous PCA IV sont très rares, elles s'expliquent principalement par des erreurs liées à l'opérateur

Nausées, vomissements sont traités ou prévenus par de faibles doses de dropéridol.

Dysurie, rétention d'urines sont détectées par la surveillance de la diurèse et la

recherche d'un globe vésical

Prurit

2.7 Morphiniques intermédiaires et agonistes-antagonistes 

 

La codéine a une biodisponibilité de 60 % ; mais son action analgésique  est la conséquence de sa transformation en morphine au niveau du foie : 10 molécules de codéine étant transformées en une molécule de morphine. Ce qui explique que la  la codéine est 10 fois moins puissante que la morphine. Pour être efficace chez l'adulte, les formulations doivent contenir au moins 30 mg de codéine. Chez

l'enfant, la posologie recommandée est de 3 mg.kg-1.j-1 à répartir en 4 ou 6 prises per os, la dose maximale à ne pas dépasser étant de 6 mg.kg-1.j-1. Dans la population, on retrouve 7 à 10 % de métaboliseurs lents de la codéine  pour qui la codéine est inactive.

 

 La nalbuphine est un morphinique agoniste-antagoniste  c’est à dire qu’en présence d’un autre agent opiacé il peut développer un effet antagoniste proche des autres agents antagonistes (nalorphine, naloxone ) utilisés pour inhiber en particulier l’effet dépresseur respiratoire des morphiniques classiques .Il existe par ailleurs un effet plafond de la nalbuphine sur l'analgésie qui apparaît à partir d'une dose de 0,3 à 0,5 mg.kg-1 La durée de l'analgésie est de 4 heures. La dépression respiratoire est équivalente à celle de la morphine à dose équianalgésique.. La naloxone peut antagoniser la dépression respiratoire de la nalbuphine.. Chez l'enfant, la nalbuphine est utilisée pour les douleurs modérées en perfusion intraveineuse continue à la dose de 1 mg.kg-1.j-1 après un bolus initial de 0,2 mg.kg-1 (la voie intraveineuse discontinue est également possible, 0,2 mg.kg-1 par injection toutes les quatre heures).

La buprénorphine  a une action analgésique ; la posologie optimale est de 4 à 6 µg.kg-1 (0,3 mg par voie sous-cutanée ou 0,4 mg par voie sublinguale) . La durée de l'effet est de 6 à 8 heures. L'utilisation à dose supérieure s'accompagne d'une somnolence trop importante avec un risque d'apnée et d'une forte incidence de nausées et de vomissements. En effet, comme les autres agonistes-antagonistes, la buprénorphine crée e le même degré de dépression respiratoire que la morphine. Cependant à la différence de la nalbuphine,la naloxone permet difficilement d'antagoniser la dépression respiratoire de la buprénorphine.

 

                                    2-8 Analgésie péridurale

                                                2-8. 1 Intérêts

            L'analgésie postopératoire par voie périmédullaire est puissante et efficace pour la majorité des patients qui ont subi une chirurgie abdominale ou thoracique majeure. L'analgésie péridurale est de meilleure qualité que celle procurée par la PCA IV. Les scores de douleur au repos et à la mobilisation sont entre 0 et 1/10. L'association de la bupivacaïne à la morphine ou au fentanyl permet d'utiliser la potentialisation réciproque de ces deux classes de médicaments, ce qui réduit la tachyphylaxie et la dose de bupivacaïne (10 mg/h) ainsi que celle de morphine (0,2 mg/h) ou de fentanyl (20 µg/h) tout en augmentant l'efficacité. Par ailleurs, l'anesthésique local permet une reprise plus précoce du transit intestinal après une chirurgie digestive.

Les modalités de traitement et les éléments de surveillance doivent rendre ces techniques sûres .Le rapport risque/bénéfice de ces techniques doit cependant être évalué pour chaque malade et l'impact de la qualité de l'analgésie sur la morbidité postopératoire reste à préciser. Enfin, l'analgésie doit s'intégrer dans une prise en charge globale de l'opéré, afin d'améliorer sa qualité de vie et raccourcir la durée d'hospitalisation. Les bénéfices de l'analgésie péridurale ne peuvent être obtenus qu'à la seule condition d'une optimisation de l'ensemble des soins postopératoires : intensification de la kinésithérapie rendue possible par la qualité d'analgésie, ceci permet une mobilisation et une ambulation plus rapides et une diminution des complications respiratoires ( troubles de ventilation postopératoires) chez les patients à risque respiratoire ; ablation précoce de la sonde gastrique et reprise anticipée de l'alimentation orale. La mobilisation associée à l'alimentation orale diminue l'incidence de la fatigue postopératoire. Dans tous ces cas, l'analgésie est prescrite dans un but thérapeutique pour permettre d'effectuer une kinésithérapie active chez des patients à risque cardiorespiratoire après une chirurgie majeure abdominale, thoracique ou vasculaire. L'analgésie péridurale lombaire ou thoracique est surtout indiquée après chirurgie du thorax et de l'abdomen ainsi que dans une moindre mesure  pour la chirurgie orthopédique. Le respect des contre-indications (en particulier le refus du patient), le temps nécessaire à la mise en place du cathéter péridural et la crainte des complications sont les principaux obstacles au développement de cette technique. En dehors de la France et selon les équipes, 20 à 75 % des patients nécessitant une analgésie postopératoire puissante bénéficient d'une péridurale. Les indications dépendent surtout du type de chirurgie et des antécédents du patient (patients ayant un risque de développer une complication respiratoire, cardiaque ou thromboembolique). Les contre-indications classiques sont le refus du patient, l'existence d'une pathologie neurologique, les troubles  de l'hémostase, la prise d'anticoagulants, une infection cutanée proche du point de ponction, une déformation très importante du rachis, des antécédents de chirurgie du rachis avec ouverture de la dure-mère, l'allergie à la morphine ou aux anesthésiques locaux(exceptionnelles). les réinjections d'analgésique peuvent être réalisées par un infirmier sous la responsabilité du médecin prescripteur qui est le seul habilité à réaliser ce geste technique.

2-8.2 Les produits utilisés

 

Par voie péridurale la morphine procure une analgésie de bonne qualité, prévisible et de longue durée ,supérieure ou équivalente à l'analgésie intraveineuse contrôlée par le  patient (PCA IV), avec des doses administrées par voie péridurale  plus faibles(5 à 10 fois inférieures); elle n’entraîne pas  pas de bloc moteur ni sympathique, il n'y a pas de perte de la sensibilité thermique ni tactile. Seule la perception des stimulations douloureuses est diminuée. Les morphiniques liposolubles (fentanyl, sufentanil et méthadone), hydrosolubles (morphine) ou intermédiaires (diamorphine, péthidine) sont utilisés avec succès(tableau 1). En effet, la morphine traverse la barrière méningée, se dilue dans le liquide céphalorachidien puis se déplace en direction céphalique permettant l'extension de la zone d'analgésie. Lorsqu'elle est injectée au niveau lombaire ou au niveau thoracique l’ efficacité de la morphine est la même  mais le délai d'action dépend de l'éloignement du site d'injection par rapport à celui de la douleur. Les morphiniques liposolubles agissent rapidement au niveau spinal. Mais de  nombreuses 'études montrent que le fentanyl injecté en continu donne la même qualité d'analgésie qu'il soit injecté par voie péridurale ou intraveineuse, en raison d'une résorption plasmatique rapide et importante. À la différence de la morphine, les concentrations plasmatiques de fentanyl sont similaires quelle que soit la voie d'administration et à même niveau d'analgésie, les doses sont identiques.

 

La bupivacaïne  est  jusqu’à présent ,l’anesthésique local de référence dans cette indication ; elle procure une analgésie de longue durée avec un bloc sensitif plus important que le bloc moteur qui diminue aux faibles concentrations (0,125%). La tachyphylaxie est moins importante comparée aux autres anesthésiques locaux à radical amide  de courte durée d'action (lidocaïne, prilocaïne et mépivacaïne).. La ropivacaïne a un profil pharmacologique similaire à la bupivacaïne, avec une  toxicité cardiaque moindre. Avec la ropivacaïne à concentrations égales à la bupivacaïne, le bloc moteur est moins fréquent, moins intense et persiste moins longtemps.

L'association des anesthésiques locaux et des morphiniques a un effet synergique qui améliore la qualité de l'analgésie et permet de réduire la dose de chaque produit et donc les effets secondaires liés aux anesthésiques locaux (bloc moteur, hypotension artérielle, tachyphylaxie). Les associations le plus souvent utilisées, sont bupivacaïne-morphine, bupivacaïne-fentanyl, bupivacaïne-sufentanil et maintenant ropivacaïne-sufentanil. Les doses de morphine sont relativement faibles pour obtenir le meilleur rapport risque/bénéfice .

La clonidine par voie péridurale, agit sur les récepteurs alpha-2 adrénergiques de la corne postérieure de la moelle . À la dose de 400 à 600 µg en bolus, elle procure une analgésie de 3 à 5 heures mais aussi des effets secondaires (sédation, hypotension et bradycardie). La perfusion péridurale continue (0,5 à 1 µg.kg-1.h-1) réduit la consommation de morphinique de 20 % à 50 %. La clonidine doit être associée à un morphinique ou à un anesthésique local. Compte tenu du fait qu'elle renforce le bloc moteur et sensitif des anesthésiques locaux, son intérêt est moindre dans cette association. Son utilisation dans cette indication  reste très faible lorqu’on la compare aux opiacés , aux anesthésiques locaux ou leur association.

Morphiniques

Dose unitaire
(mg)

Durée
(h)

Débit de perfusion
(mg.h-1)

Voie péridurale

Morphine

Fentanyl
Sufentanil

1-6

0,1-0,25
0,01-0,06

6-24

2-4
2-4

0,1-1
0,025-0,1
0,01-0,05

Voie intrathécale

Morphine
Fentanyl
Sufentanil

0,1-0,5
0,005-0,025
0,003-0,015

8-24
3-6
4-6

 

Tableau 1 . – Opiacés   par voie périmédullaire

2-8.3 : Modalités d’administration des solutions par voie péridurale

 

Trois méthodes d'administration sont possibles par voie péridurale :

injection en bolus

 en perfusion continue

 analgésie contrôlée par le patient (PCEA) .

 La perfusion continue est moins contraignante pour le personnel infirmier, elle réduit les effets secondaires en évitant les pics de concentration des agents injectés en bolus mais il existe un risque d'accumulation des drogues qui nécessite une surveillance régulière des effets secondaires .

L'analgésie contrôlée par le patient est appliquée à la voie péridurale et présente plusieurs avantages théoriques : une adaptation des doses au patient, une diminution du risque de surdosage et donc des effets secondaires. Avec une PCEA, les scores de douleur restent très bas et comparables à ceux de la perfusion continue. Les pompes portables acceptent des volumes de mélange qui peuvent couvrir la durée du traitement réduisant les risques d'erreur  lors des  manipulations sur la ligne de perfusion .

 

 Mode perfusion continue :

bupivacaïne 0,125 % non adrénalinée ou ropivacaïne 0,2 %

morphine 0,025 mg.mL-1

débit 6 à 10 mL.h-1

 

 Mode analgésie contrôlée par le patient (PCEA)

bupivacaïne 0,125 % non adrénalinée ou ropivacaïne 0,2 %

morphine 0,025 mg.mL-1

débit de base 5 mL.h-1

bolus : 3 mL

période réfractaire : 20 minutes

pas de limitation des injections par le patient

 

Tableau 2 : Modalités de perfusion en continue ou PCEA

 

En chirurgie pédiatrique l’analgésié péridurale peut être réalisée chez  les enfants au-delà de 4 à 6 mois et plutôt par voie lombaire (meilleur rapport bénéfice/risque). Cette  technique doit surtout  être utilisée dans  des centres spécialisés .

Après l'âge de 4 à 6 mois, l'analgésie péridurale se réalise avec de la bupivacaïne en perfusion continue, à la posologie de 0,2-0,25 mg.kg-1.h-1 avant l'âge d'un an, de 0,3 à 0,35 mg.kg-1.h-1 après un an. La dose à ne pas dépasser est de 0,4 mg.kg-1.h-1 à partir de quatre ans. La solution recommandée  pour l'entretien de l'analgésie est la bupivacaïne non adrénalinée à la concentration de  0,125 %. La surveillance du niveau d'analgésie et le dépistage des signes de toxicité neurologique doivent être effectués de manière biquotidienne. La mise en route de la perfusion continue doit se faire si possible immédiatement après l'administration de la dose de charge, au bloc opératoire, de façon à éviter tout intervalle libre dans la thérapeutique L'analgésie péridurale peut également être faite avec de la  morphine : de 30 à 50 µg.kg-1 .

 

                                                2-8.4 Limites et complications

            Le risque de dépression respiratoire avec la morphine est plus élevé par voie péridurale que par voie intraveineuse avec le mode PCA : l'index thérapeutique passe  en effet de 3 à 2 . L'apnée survient avec une incidence de 1/1000 pour une dose péridurale de morphine de 4 mg et apparaît tardivement entre la 6ème et la 18ème heure après l'injection de morphine.La rétention d'urines est fréquente quand on utilise les morphiniques et/ou les anesthésiques locaux par voie péridurale. Le mécanisme en est une inhibition du muscle détrusor et le sondage vésical est quelquefois nécessaire. La naloxone peut être utilisée, mais les doses nécessaires sont quelquefois si élevées que l'analgésie est également antagonisée. Les nausées et vomissements ont par contre la même incidence quelle que soit la voie d'administration , péridurale ou IV, et peuvent même être plus fréquents avec la PCA IV, particulièrement en cas de persistance d'un niveau élevé de douleur.

Les autres incidents de l'analgésie péridurale sont liés à la gestion du cathérer : échec par malposition initiale, déplacement, migration intravasculaire, sous durale ou sous arachnoïdienne, déconnection, infection du point de ponction, infection péridurale, erreur de médicament (dose, nature).D’ou la nécessité de vérifier les points de ponction, d’effectuer l'ablation et la culture du cathéter et éventuellement débuter une antibiothérapie en cas de fièvre, et surtout d’ éviter les manipulations  lors des changements de seringues  .

Les céphalées postopératoires précoces peuvent être consécutives à une brèche méningée, volontaire lors des injections intrathécales, ou involontaire lors des injections péridurales. Le blood-patch est efficace dans plus de 90 % des cas.

Les complications neurologiques à type de paresthésies ou de lésions neurologiques sont peu fréquentes . La paraplégie est exceptionnelle et grave. Elle est le plus souvent due à un hématome péridural. (1/150 000 après ponction sous-arachnoïdienne et de 1/200 000 après ponction péridurale). La reconnaissance précoce de la paraplégie permet une décompression et prévient les complications neurologiques définitives. Les cas rapportés d'hématome péridural sont en général survenus chez des patients sous anticoagulants et/ou ayant des troubles de l'hémostase. Un  traitement anticoagulant thromboprophylactique n'est pas une contre-indication à l'anesthésie péridurale. Chez les patients recevant un traitement anticoagulant, en particulier les héparines de bas poids moléculaire (HBPM) à doses préventives du risque thromboembolique, l'augmentation du risque d'hématome n'est pas prouvée, tant cette complication est rare. Il est toutefois recommandé de réaliser l'anesthésie péridurale et le retrait du cathéter à la 20e heure de l'administration de l'HBPM  soit 4 heures avant l'injection suivante   :la première injection postopératoire d'HBPM pour la prévention des risques thromboembolique pourra être débutée 8 à 12 heures après la ponction de l'espace péridural. En présence d'aspirine ou d'AINS, le rapport bénéfice/risque peut permettre la mise en place d'un cathéter péridural.

Les malades sans risque particulier et ayant une telle analgésie par voie péridurale peuvent être surveillés dans des services chirurgicaux de soins réguliers. Tous les patients doivent bénéficier des différentes techniques d'analgésie sans augmenter les coûts d'hospitalisation. En revanche, si le patient présente un risque médico-chirurgical particulier, l'indication d'un séjour en soins intensifs et le rapport risque/bénéfice doivent être évalués, les antécédents   du patient et le type de chirurgie sont décisifs pour indiquer le mode de surveillance .

 

                        2-9 Rachianalgésie morphinique

 

L’injection de morphine directement dans le LCR afin d’assurer une analgésie a été décrite pour la première fois en 1976 dans le but de soulager des douleurs cancéreuses rebelles . Elle donne une analgésie intense et prolongée par  la fixation de l’opiacé sur les couches superficielles des cornes postérieures de la moelle épinière ainsi qu’à sa migration au niveau des structures supraspinales. Cette technique simple dans sa réalisation par rapport à notamment la ponction et la perfusion  de l’espace péridural thoracique, permet d’obtenir une analgésie d’environ 24 heures(tableau 1) mais avec un délai d’installation de quelques heures pouvant être responsable d’un réveil algique. L’association d’un morphinique liposoluble d’action rapide tel que le sufentanil pourrait permettre de réduire la latence du délai d’action de la morphine administrée dans le liquide céphalorachidien. Les morphiniques liposolubles agissent rapidement au niveau spinal. . La morphine, très peu liposoluble, procure une analgésie d'une durée de 12 à 24 heures, voire plus, après un délai d'installation de 1 à 3 heures. Le sufentanil, très liposoluble, a un délai d'action de quelques minutes et une durée d'effet d'environ 4 à 6 heures. Les posologies de morphine habituellement recommandées dépendent du type de chirurgie et de l'âge du patient : schématiquement, il est proposé 0,1 à 0,2 mg pour les interventions sous-ombilicales, 0,3 mg pour les interventions sus-ombilicales et 0,4 à 0,5 mg pour les interventions thoraciques (tableau 1). L'adrénaline ou la clonidine sont parfois utilisées, associées à la morphine pour augmenter la puissance analgésique en évitant les effets indésirables.

Les indications et contre-indications de l'analgésie intrathécale sont identiques à celles de l'analgésie péridurale ; les deux techniques peuvent d’ailleurs être combinées (rachi-périséquentielle) .Cependant  l'analgésie intrathécale est de durée limitée elle nécessite donc pour le praticien d’anticiper la réapparition des phénomènes douloureux  en prévoyant  un relais antalgique .

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                        2.9.1. Indications

            Différents types de chirurgie ont fait l’objet d’études afin d’évaluer l’efficacité de cette technique. Parmi celles-ci, la rachianalgésie morphinique s ‘est révélée efficace pour la prise en charge des douleurs après chirurgie digestive sus et sous-mésocolique, thoracique, gynécologique, urologique, orthopédique et cervico-faciale. De plus, il s’agit d’un geste simple à  réaliser.

 

                        2-9.2 Limites

            Le principal risque de cette technique est la dépression respiratoire. Cet effet indésirable aux conséquences potentiellement graves est connu depuis de nombreuses années. Au vu de la littérature, il semble qu’il existe des facteurs favorisant. Il s’agit principalement de la dose lorsqu’elle est supérieure à 0.2 mg de morphine ou 10 µg de sufentanil. De plus, l’âge avancé, l’existence d’une pathologie respiratoire sous-jacente, la prise concomitante de sédatifs ou de morphinique par voie parentérale ou entérale sont autant de facteurs favorisant la dépression respiratoire.

Les nausées et vomissements postopératoires, sont un effet indésirable connu et inéluctable des morphiniques, quelles que soient leurs voies d’administration. La voie intrathécale ne semble pas être à l’origine d’une incidence supérieure. Il est important de prévoir et de traiter ces effets indésirables  qui compliquent souvent les suites postopératoires.

La rétention d’urine ainsi que le prurit représentent deux effets indésirables sans gravité, survenant relativement fréquemment lors de ce mode d’analgésie qu’il conviendra de prévenir et de traiter lors de leur survenue.

La gestion des effets secondaires et des complications est similaire à ceux rencontrés lors de l’analgésie péridurale . La conduite à tenir  vis à vis des antithrombotiques et des antiagrégants plaquettaires est identique.

Pour la voie intrathécale, la surveillance en SSPI ou soins intensifs est indiquée à l'exception des patients jeunes et ayant reçu une dose inférieure ou égale à 200 µg de morphine.

                                   

2-10 Administration périphérique de morphiniques et d'anesthésiques locaux

            2-10.1 Les administrations locales

Elles sont pariétales (infiltration), péritonéales ou intra-articulaires. Elles sont réalisées par le médecin anesthésiste-réanimateur ou par le chirurgien.

L’infiltration des berges de l’incision(chirurgie herniaire ou thyroïdienne  ) ou des orifices de ponction (chirurgie coelioscopique )   sont des gestes faciles à réaliser en fin d’intervention avec de la bupivacaïne 0,5% ou de la ropivacaïne 0,75% .L’analgésie intraarticulaire  est proposée pour la chirurgie du genou sous arthroscopie. L'administration de 20 mL de bupivacaïne à 0,25 % induit une analgésie d’une durée qui ne dépasse pas 4 heures. L'administration intra-articulaire de morphine (1 à 5 mg) ou de clonidine (75 à 150µg )procure une analgésie de 10 à 24   heures. La solution optimale est de combiner un anesthésique local et un adjuvant : clonidine ou morphine .

L'administration intrapéritonéale d'anesthésiques locaux est également proposée après chirurgie laparoscopique (digestive ou gynécologique). La bupivacaïne à 0,5% (20 à 30 mL) ou la ropivacaïne 0.75% ont été  employées avec efficacité

2-10.2Les blocs périphériques

Il peut s’agir  de blocs  ilio-inguinaux, cruraux, sciatique ou plexiques (plexus brachial, cervical ou lombaire).  Ils sont réalisés en injection unique ou avec mise en place d’un cathéter .Ils permettent une analgésie postopératoire sans risque de retentissement hémodynamique ou respiratoire à l’exception du bloc interscalénique qui entraîne une paralysie phrénique homolatérale  transitoire . L'utilisation d'un neurostimulateur paraît justifiée pour diminuer les lésions nerveuses. Le bloc peut être réalisé avant la chirurgie ou immédiatement après, chez un patient adulte éveillé. La conservation de la conscience permet au patient de signaler toute paresthésie ou toute douleur lors de la réalisation du geste. La mise en place d'un cathéter est également réalisée chez un malade réveillé à l'aide du neurostimulateur , au mieux en période préopératoire si le positionnement du cathéter ne gène pas l'acte chirurgical, sinon en période postopératoire immédiate. La technique de pose et l'utilisation ultérieure du cathéter sont expliquées au malade lors de la consultation pré-anesthésique ou de la visite préopératoire s'il s'agit d'une urgence.

Les règles de sécurité sont identiques à celles proposées pour l'analgésie péridurale, en particulier une asepsie rigoureuse. De même par analogie à l'analgésie péridurale, les réinjections d'analgésique peuvent être réalisées par un infirmier sous la responsabilité du médecin prescripteur. Les blocs périphériques sont de maniement simple et génèrent moins d'effets adverses que les techniques périmédullaires (intrathécale et péridurale). Sauf résorption vasculaire importante et brutale d'anesthésiques locaux, les effets généraux (neurologiques centraux, hémodynamiques et respiratoires) sont absents (sauf pour le bloc interscalénique

L'utilisation de cathéter permet une analgésie de longue durée sur plusieurs jours par réinjection, perfusion continue ou utilisation du mode PCA.

 

Le bloc interscalénique permet une analgésie de qualité après chirurgie de l'épaule. La mise en place d'un cathéter facilite  la rééducation . Une surveillance précise s'impose. Avec la bupivacaïne à 0,125 %, le débit d'administration est de 6 à 8 mL.h-1 . La ropivacaïne peut être aussi utilisée en administration continue (ropivacaïne à 0,2 % ou 2 mg.mL-1, 5 à 7 mL.h-1), voire en administration contrôlée par le patient (ropivacaïne 0,2 mg.mL-1, débit continu 5 mL.h-1, bolus 2 à 3 mL, période d'interdiction 20 minutes).

Le bloc infraclaviculaire peut être utilisé pour la chirurgie du coude  aux mêmes posologies .

Le bloc axillaire continu est de réalisation plus facile  ,après chirurgie du coude, du poignet et de la main. L'analgésie est d'excellente qualité et autorise également une rééducation intensive immédiate . Les anesthésiques locaux, les concentrations et les doses sont similaires à la voie interscalénique.

 

Le  bloc du plexus lombaire par voie antérieure ou bloc "3 en 1"  est réservé à la chirurgie de la hanche et du genou . Le bloc du nerf sciatique à la fesse est plus rarement utilisé, toujours en injection unique, notamment pour l'analgésie postopératoire immédiate après chirurgie du genou en complément du bloc précédent.

 Le  bloc du plexus lombaire par voie antérieure  est obtenu par la technique du bloc ilio-fascial ou bloc du nerf fémoral avec neurostimulateur. Cet abord permet la mise en place d'un cathéter pour analgésie continue dans l'espace inguinal situé sous le fascia. Le bloc ilio-fascial permet d'atteindre le nerf fémoral dans 100 % des cas et de manière plus inconstante  le nerf cutané latéral de la cuisse et le nerf obturateur . La bupivacaïne à 0,25 % est la plus fréquemment employée : bolus de 20 à  30 mL de solution adrénalinée suivi de l'administration continue d'une solution non adrénalinée 8 à 10 mL.h-1  qui peut être associée à de la clonidine 1 µg.mL-1.

Le bloc du nerf sciatique au creux poplité (par voie postérieure ou latérale) est réservé à la chirurgie  du pied dont les suites immédiates sont fréquemment  douloureuses. Un cathéter est mis en place au sommet du creux poplité, en repérant  les troncs nerveux par neurostimulation. La bupivacaïne à 0,25 % ou à 0,125% ou  encore la ropivacaïne 2 mg.mL-1 sont  également efficaces à un  débit moyen en  continu de 4 à 6 mL.h-1.

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2-10.3Blocs analgésiques thoraco-abdominaux

Les blocs paravertébraux, en injection unique ou plus fréquemment continue avec cathéter, sont  utilisés pour l'analgésie de paroi en chirurgie thoracique  à la place de l’analgésie péridurale .Cette technique est caractérisée par une analgésie unilatérale correspondant à la topographie de l’incision. De plus, cette technique n’est pas sujette aux effets hémodynamiques de l’analgésie péridurale et  donne une analgésie de qualité. La  résorption plasmatique d’anesthésique locaux, comme dans toute technique d’analgésie locorégionale est possible et à dépister. 

.Les injections intrapleurales d'anesthésiques locaux  ne sont pas toujours efficaces et  ne peuvent être recommandées en raison du risque d'effets adverses non négligeables, en particulier de pneumothorax  et  aussi d’ une résorption  importante des anesthésiques locaux.

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 3.Conclusion

 

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 L'analgésie postopératoire doit donc être envisagée comme une analgésie "à la carte". Dans plus de 50% des cas, les douleurs postopératoires sont entre légères et modérées avec peu d'accès de douleurs sévères Pour certaines interventions, notamment en mode ambulatoire, les analgésiques non morphiniques son suffisants, pour d'autres interventions, plus douloureuses et quand seul le confort du malade est souhaité, la PCA IV (20% des malades ) associée à des analgésiques non morphiniques est la technique de choix. Les  techniques loco-régionales ne concernent que 5 à 10% des cas  c.a.d. quand une analgésie intense est nécessaire, notamment en cas de kinésithérapie chez des patients à risques cardio-respiratoire après une intervention lourde, l'association morphiniques-anesthésiques locaux devient mieux adaptée. L'administration d'anesthésique locaux par blocs périphériques permet de soulager efficacement les DPO sévères de chirurgie orthopédique sans risque respiratoires ou hémodynamique. Mais quelles que soient les techniques utilisées, l'amélioration de la prise en charge de la DPO ne peut être obtenue qu'après la mise en place d'une organisation effective qui permettra la réalisation et l’observation de protocole de prise en charge de la douleur postopératoire.